Des vacances fraternelles et culturelles avec les Francas

Partenaires de la première heure de C’est mon patrimoine !, le réseau des Francas se mobilise cette année encore pour participer à la réussite de ce dispositif populaire.

Partout sur le territoire, les équipes des Francas mettent en œuvre leur savoir-faire en matière d’éducation culturelle et de médiation au service de projets patrimoniaux innovants à destination des jeunes publics et de leur famille. Rencontre avec Hervé Prévost, Directeur national des programmes Pédagogie & pratiques éducatives des Francas.

 

Que sont les Francas ?

Hervé Prévost : La Fédération nationale des Francas, créée en 1944, est reconnue d’utilité publique, agréée association de jeunesse et d’éducation populaire, agréée association éducative complémentaire de l’enseignement public.

Cette fédération nationale laïque de structures et d'activités éducatives, sociales et culturelles s’appuie sur 8 000 adhérents individuels, 800 dirigeants associatifs, 1 000 formateurs et formatrices bénévoles regroupés au sein de 83 associations départementales. Elle compte plus de 1 000 organisateurs adhérents et son action concerne chaque année 1,7 million d’enfants et 3 500 stagiaires de la formation professionnelle et 6 000 jeunes en formation Bafa et Bafd.

Les Francas sont initiateurs de pratiques pédagogiques innovantes, acteurs clés du développement des centres aérés et de loisirs, du développement de projets éducatifs territoriaux, de la formation, acteurs de référence sur les droits des enfants.

Pour les Francas, c’est sur une planète vivable et dans une société démocratique, fraternelle, inclusive, éducatrice et émancipatrice que les enfants et les adolescents peuvent le mieux se construire et devenir des citoyens accomplis.

Considérant que l’accès aux œuvres et la rencontre avec leurs créateurs et leurs créatrices sont des fondements d’une démocratie moderne, les Francas développent des actions d’éducation artistique et culturelle pour que les enfants, les adolescents, les jeunes et leurs familles puissent s’approprier une part du patrimoine de l’humanité, patrimoine d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Cette action éducative, culturelle et sociale repose sur l’alliance entre des équipes qui œuvrent dans l’action éducative et des équipes qui le font dans l’action culturelle, contribuant ainsi à construire un territoire éducatif et culturel avec les habitants de ce territoire.

 

Quel est votre rôle au sein de C’est mon patrimoine ! ?

H. P. : La Fédération nationale des Francas, partenaire du ministère de la Culture, de l’ANCT et du CMN, est impliquée depuis la première édition (Les portes du temps en 2005) tant au plan local que dans la co-animation départementale, régionale et nationale de l’opération.

L’action est développée et mise en œuvre avec de nombreux partenaires territoriaux par les associations départementales des Francas dans plus de trente départements.

Depuis 2005, les actions menées par les Francas avec plus de 90 sites patrimoniaux ont concerné plus de 400 000 enfants.

La force de cette action réside dans le principe que les deux grandes familles d’acteurs : celle de la Culture et celle de l’Éducation populaire ont toutes deux leurs singularités et leurs richesses. C’est sur cette base que se sont construits et enrichis les projets. Ainsi des sites patrimoniaux se sont ouverts à des démarches d’éducation populaire, de la même manière que des projets associatifs se sont renforcés par une dimension culturelle.

Pour une fédération d’éducation populaire comme celle des Francas, et cela au plus près des réalités territoriales, ces 17 années d’expériences et d’aventure auront permis d’acquérir une forme de légitimité et de confiance qui lui donne aujourd’hui la capacité de prendre les devants pour aller proposer de nouveaux partenariats aux institutions muséales et patrimoniales.

 

Pourriez-vous nous décrire comment se déroule concrètement une animation C’est mon patrimoine ! ?

H. P. : Nous envisageons C’est mon patrimoine ! comme un parcours de découverte qui commence avec les enfants dans leur centre de loisirs par un temps de sensibilisation à l’action, à sa thématique centrale, organisé par les animatrices et les animateurs.

La deuxième étape consiste en l’accueil des groupes sur le site patrimonial, la découverte des espaces dans lesquels les enfants vont évoluer pendant un ou plusieurs jours consécutifs. Cet accueil permet de revenir sur le sens des parcours de découverte et par une première médiation organisée par une personne en charge de la médiation culturelle et en présence de l’artiste intervenant.

Les axes de médiation ont été décidés au préalable, d’un commun accord entre les équipes d’animation, de médiations et les artistes, ceci permet aux enfants de faire ensuite le lien entre les découvertes culturelles, patrimoniales et les pratiques artistiques qui leur sont proposées.

Une restitution publique est organisée afin de valoriser l’investissement de tous autour de C’est mon patrimoine !

Cette action de restitution traduit en acte le principe éducatif prôné par les Francas d’ « enfants passeurs de cultures » : accompagner les enfants à acquérir la capacité à transmettre les connaissances acquises et le contenu de la création réalisée.

L’action se prolonge pour les enfants dans leur centre de loisirs où ils continuent à vivre des activités en lien avec leurs découvertes patrimoniales et se clôture véritablement avec une présentation des projets aux parents. Les familles sont également invitées à venir visiter ultérieurement le site patrimonial, comme étant « le leur ».

Il est important de préciser qu’en amont, les équipes bénéficient d’une action de formation.

 

Vos centres de loisir accueillent des jeunes qui ne partent pas en vacances : quel rôle jouez-vous auprès d’eux en particulier ?

H. P. : Le projet des Francas d’une manière générale promeut une mixité des publics dans les espaces éducatifs par une plus forte prise en compte des enfants et des adolescents à besoins particuliers, ainsi que par une plus grande accessibilité de tous les enfants et les adolescents aux activités de loisirs et aux structures d’accueil.

La période estivale et les projets culturels menés dans les centres de loisirs éducatifs pour les enfants qui ne partent pas en vacances (et leurs familles) s’inscrivent dans cet objectif.

Le centre de loisirs estival, en plus d’être un espace éducatif, est un espace de respiration en matières culturelle, sportive ou de socialisation pour les enfants comme pour leurs parents.

Il est, particulièrement pour les familles qui ne partent pas en vacances, un espace permettant de sortir et de redonner du sel au quotidien, grâce à des offres inédites et de qualité, comme C’est mon patrimoine !. Dès que cela est possible, les centres concernés proposent aux parents d’embarquer avec eux pour les visites des sites patrimoniaux et bien entendu aux temps de restitution des projets menés.

 

Pouvez-vous nous partager une image qui a marquée l’édition 2021 ?

H. P. : Au Panthéon, un jeune de l’école de la deuxième chance remercie les organisateurs du projet en assurant qu’il a trouvé sa vocation « je veux devenir danseur ».

Je garde aussi en mémoire les mots d’une petite fille à l’issue du projet au palais Jacques Cœur (Bourges) : « j’aimerais que des gens puissent revenir ici avec moi, ce serait l’occasion d’apprendre pour eux et moi d’apprendre à leur expliquer » qui incarne selon moi le principe des enfants passeurs de culture !

 

Un vœu pour l’avenir ?

H. P. : Que cette opération emblématique perdure et s’amplifie.

 

Pour vous, qu’est-ce que le patrimoine ? Quel est l’intérêt de le valoriser auprès des jeunes ?

H. P. : Les patrimoines matériels et immatériels nous plongent au cœur des racines et de l’histoire des territoires. La force des patrimoines est aussi liée à leur proximité des lieux de vie : sites archéologiques, édifices religieux, jardins remarquables, châteaux, sites industriels, monuments nationaux [1]… Le patrimoine comprend également les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel.
La valeur hautement symbolique des patrimoines offre également la possibilité de tenir compte de la richesse du patrimoine culturel « d’ailleurs ». Cela est utile au dialogue interculturel et encourage le respect d’autres modes de vie et de pensée.

 

Si vous deviez définir C’est mon patrimoine ! en un mot…

H. P. : En un film plutôt si vous le permettez ?

 

C’est mon patrimoine ! fait partager le plaisir lié à la découverte du patrimoine, des arts et de la culture.

Cette contribution des Francas a été rédigée avec le concours de Frédéric Gauci (association départementale des Francas du Var) et Caroline Besse (association départementale des Francas du Val d’Oise).

 

Pour en savoir plus sur la pris en compte de la culture dans le projet des Francas :
lire la contribution Aux œuvres citoyen.nes !

 

[1]  Le Centre des monuments nationaux et la Fédération nationale des Francas ont signé une convention pour favoriser l’accès des publics éloignés de la culture aux monuments nationaux.